Animaux très anciens, les tortues de mer, aussi appelées tortues marines, ont su braver les différentes ères pour survivre jusqu'à aujourd'hui. Entre extinction des dinosaures et grands changements climatiques, rien ne les arrête et pourtant, un obstacle se dresse toujours sur leur chemin : l'homme. Découvrons de plus près les différentes espèces de tortues marines et les solutions pour les sauvegarder.
Les 7 espèces de tortues de mer
Dans le monde, plus de 300 espèces de tortues existent. 250 d'entres elles vivent dans un milieu aquatique (eau douce, milieux humides et palustres) tandis que 60 espèces préfèrent un milieu terrestre. Les tortues marines sont des reptiles qui disposent d'un système respiratoire pulmonaire leur permettant ainsi, il y a très longtemps, de vivre sur Terre. Elles ont aussi des reins et des glandes lacrymales au niveau des yeux qui servent à expulser les excédents de sel de leur circulation sanguine. Avec un métabolisme incroyable, les tortues de mer sont capables de plonger à de très grandes profondeurs et de supporter de fortes concentrations de C02. En revanche, il est assez difficile de déterminer le sexe d'une tortue marine. Pour ce faire, il faut souvent nécessiter l'intervention d'un spécialiste ou d'un vétérinaire qui procédera à un examen génétique. On peut cependant s'attarder sur la taille de la queue ou encore des griffes (qui sont tout deux plus longs chez les mâles) selon les espèces mais certaines femelles présentent les mêmes caractéristiques, ce qui rend l'identification par déduction infructueuse.
Du côté des sens, les tortues de mer disposent d'une excellente vue puisque leur yeux sont très développés, avec pas moins de trois paupières. Elles ont également une ouïe très fine qui trouve son écho dans une oreille interne, sous une plaque auditive. Cela leur permet notamment d'entendre tout ce qui se passe autour d'elles et de fuir les dangers tels que les prédateurs. Le sens le moins développé des tortues de mer reste l'odorat, qui est peu performant. Enfin, bien qu'on se moque souvent de la lenteur des tortues marines, certaines espèces peuvent tout de même atteindre une vitesse de 35 km/h !
Aujourd'hui, nous allons plus particulièrement parler des sept espèces de tortues marines différentes. En effet, en France, 6 de ces 7 espèces vivent dans les mers du pays.
La tortue Luth : la plus massive des tortues
La tortue Luth est la plus grande espèce de tortue au monde. Elle fait partie de la famille des dermochélydés et elle est d'ailleurs la seule espèce de cette famille, ce qui la différencie des autres tortues marines. Sa différence majeure est que sa carapace n'est pas recouverte d'écailles et qu'elle a la place une peau très dure et coriace. Adulte, elle peut atteindre les 400 kg et faire jusqu'à deux mètres de longueur !
La tortue Verte : elle se fond dans les paysages et dans la nature
La tortue verte est la plus grande de sa famille, les cheloniidés. Elle mesure généralement entre 80 cm et 130 cm. Son poids peut atteindre les 250 kg mais la moyenne de cette espèce est fixée à 160 kg. Lorsqu'elle est enfant, la tortue verte est carnivore et elle se nourrit de poissons ainsi que de petits crustacés. Une fois l'âge adulte atteint, elle change complètement de système alimentaire et devient végétarienne ! C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est nommée tortue Verte, puisque la couleur de sa chair est littéralement verte et représente donc son régime alimentaire, contrairement aux autres espèces de tortues marines. Cette couleur caractéristique lui permet notamment de se fondre dans la masse et de se cacher des prédateurs, au milieu des végétaux.
La tortue Caouanne : une mâchoire d'enfer
La Tortue Caouanne arbore une jolie couleur marron. Elle mesure jusqu'à 120 cm pour 200 kg. Il s'agit d'une espèce carnivore dotée d'une incroyable mâchoire qui est très puissante. Grâce à son muscle maxillaire, elle peut broyer des crustacés avant de les ingurgiter. Elle se nourrit également de méduses, de crabes et de crevettes, ainsi que de petits poissons.
La tortue imbriquée : prisée pour sa beauté
La tortue imbriquée pèse de 60 à 90 kg et sa taille fait généralement entre 60 et 120 cm. Cette espèce est omnivore et a la particularité de se nourrir d'éponges, rendant alors sa peau et donc sa viande toxique pour l'homme. Malheureusement, ce mécanisme de défense ne lui suffit pas, puisqu'elle est perpétuellement chassée par les braconniers qui cherchent à lui arracher ses écailles, afin de s'en servir comme matériaux pour des créations artisanales tels que des peignes ou des bijoux dans certaines régions du monde.
La tortue Olivâtre : une pondeuse hors-pair
La tortue Olivâtre doit son nom à la couleur de sa carapace, proche du vert-olive. Elle est considérée comme une "petite tortue" (bien que tout de même massive à l'échelle humaine) puisqu'elle mesure 50 à 75 cm pour un poids de 40 à 50 kg. Cette espèce est particulièrement connue pour débarquer massivement sur les plages des côtes pacifiques d'Amérique centrale comme au Mexique, au Costa-Rica ou encore au Panama, mais aussi en Amérique du sud, sur certaines côtes du Surinam, afin de pondre ses œufs.
La tortue de Kemp : rare et discrète
La tortue de Kemp est la plus petite espèce de tortue de mer : elle mesure 45 à 70 cm et pèse 30 à 50 kg. On peut la considérer comme la petite soeur de la tortue Olivâtre. Très rare et discrète, elle pond principalement sur la plage mexicaine de Playa de Rancho Nuevo. On peut également la rencontrer dans l'océan Pacifique de la Nouvelle-Écosse. Cette espèce est fortement menacée, puisqu'en 1947 on estimait le nombre de femelles reproductrices à 47 000. Entre temps, ce chiffre a dégringolé pour atteindre quelques centaines dans les années 70 puis, grâce aux efforts de protection mis en place, le chiffre est remonté aujourd'hui aux alentours de 1 000, ce qui reste tout de même insuffisant pour la sauvegarde garantie de l'espèce.
La tortue à dos plat : une carapace plate
La dernière espèce de tortue marine connue est la tortue à dos plat, qui doit son nom à sa carapace particulièrement plate. Elle vit exclusivement entre l'Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l'Indonésie. Elle peut mesurer de 95 à 130 cm et peser de 100 à 150 kg. Elle se nourrit principalement de concombres de mer, de coquillages et de méduses, ce qui fait d'elle une carnivore. Actuellement, seules quelques plages du nord de l'Australie les abritent pour la reproduction.
Les grands dangers qui menacent les tortues de mer
Il existe 3 principaux dangers qui menacent les différentes espèces de tortues de mer : la pollution, le braconnage, et les prises accidentelles. Ces trois facteurs sont au coeur du problème de disparition des espèces, entraînant un changement total de comportement des tortues marines.
La pollution
Il s'agit d'une cause plutôt évidente. La pollution des eaux marines entraîne de grands dangers concernant la conservation des tortues de mer. En effet, rejeter des déchets dans les mers et océans entraîne la décomposition des habitats naturels mais aussi du corail et donc par conséquence la disparition de certaines espèces marines, qui servent de nourriture aux tortues. Pour survivre, les tortues de mer sont donc obligées de migrer dans d'autres régions du monde, à la recherche d'un nouvel endroit pour vivre, ce qui n'est pas toujours facile car plusieurs conditions doivent être réunies pour leur survie. De plus, le plastique est la matière la plus souvent rejetée dans l'environnement et elle est fortement nocive et toxique pour les tortues (ainsi pour les oiseaux ou encore les baleines par exemple). En effet, celles-ci sont attirées par son odeur et les confondent avec des méduses, puisque le plastique devient un habitat pour diverses algues et crustacés. Elles se nourrissent alors de ces sacs plastiques qui abîment leurs intestins. Il n'est pas rare de retrouver également des tortues marines avec des pailles en plastique coincées dans le nez, ce qui provoque une ingestion pouvant conduire à la mort ...
Le braconnage
Le braconnage est la seconde cause qui explique la disparition des tortues de mer. En effet, le commerce illégal d'animaux marins rapporte plusieurs milliards d'euros par an aux réseaux qui l'orchestrent. Le trafic des espèces sauvages se place notamment à la quatrième place des activités criminelles les plus lucratives, juste derrière le trafic de drogue, de contrefaçons et d'êtres humains. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les braconniers sont de véritables professionnels du crime et sont très bien organisés. Tels de véritables armées, ils n'hésitent pas à entrer dans des territoires protégés et disposent de matériel haut-de-gamme et onéreux pour chasser les tortues. Une fois attrapées, les tortues sont tuées et démantelées pour en faire des trophées de chasse ou pour créer des objets artisanaux avec leur écailles ou encore leur carapaces. Il s'agit d'un engrenage infernal puisque plus les tortues sont rares, plus elles sont traquées et convoitées. De nombreuses associations essayent de lutter contre ces dérives encore bien trop courantes et les démantèlements de réseaux criminels en braconnerie sont de plus en plus nombreux. Malheureusement, les recours juridiques restent faibles selon les zones du monde, ce qui offre au braconniers une protection quasi-certaine dans la plupart des cas, il y'a donc également un travail de législation à prendre en compte pour un meilleur futur.
Les prises accidentelles
Le dernier danger qui sévit sur les tortues de mer concerne la pêche. En effet, les tortues marines font l'objet de captures indésirables et accidentelles, tout comme les requins, les dauphins ou encore certains oiseaux marins. Coincées dans les filets, les tortues paniquent et meurt asphyxiées. Les hameçons en forme de J sont également très nocifs pour les tortues, qui s'y accrochent la mâchoire et qui même libérées gardent une plaie ouverte. Peu à peu, les associations essaient de mettre en place de nouveaux types d'hameçons dont la forme ne blesse pas les animaux et dans le but qu'ils puissent être relâchés immédiatement sans séquelles. Enfin, le chalut de fond est également un facteur aggravant et menaçant la vie des tortues de mer. En effet, le chalut va laisser couler un filet de pêche au fond de l'eau dans le but de le remonter avec des espèces à son bord. Ce type de pêche détruit les habitats naturels qui se trouvent au fond de l'eau et entraîne la capture d'espèces protégées.
Les autres causes d'extinction des tortues de mer
En plus de ces 3 menaces principales, les tortues de mer sont exposées à plusieurs autres dangers. D'abord, le changement climatique est un facteur qui peut impacter les populations marines de tortues. La montée des eaux crée un déséquilibre par le fait que cela réduit l'espace de ponte des tortues. De plus, la détermination du sexe d'une tortue dépend de la température. Ainsi, l'augmentation de la température au niveau des plages de ponte peut conduire à un déséquilibre entre la proportion de mâles et de femelles au sein des espèces. Pour continuer, les maladies sont aussi de plus en plus présentes chez les tortues. Souvent dues à la pollution, de récents rapports font état d'une maladie appelée fibropapillomatose : il s'agit d'une sorte de tumeur qui peut tuer les tortues. Du côté des îles hawaïennes, c'est près de 70% des tortues vertes échouées qui sont contaminées par cette maladie destructrice. Pour finir, la dernière menace concerne l'introduction de nouveaux prédateurs par l'homme. Bien que les tortues marines peuvent avoir plus de 150 oeufs par ponte et plusieurs ponte par saison, de moins en moins de petits survivent et réussissent à atteindre le rivage ou encore l'âge adulte. En effet, certains prédateurs naturels sont réintroduits pour leur sauvegarde, mais au détriment des tortues marines. De plus, cela peut également se produire lorsque des prédateurs naturels deviennent soudain plus nombreux à la suite d'une intervention humaine.
Le dernier rempart contre la disparition des tortues de mer : les associations
Il existe des dizaines d'associations qui luttent contre la disparition des tortues de mer. Parmi elles, la WWF œuvre activement à la conservation au travers de nombreuses actions : d'abord la signature d'un accord bilatéral entre les Philippines et la Malaisie dans le but de créer une Zone Protégée du patrimoine des îles aux tortues. Il s'agit de la toute première zone au monde protégée spécialement pour les tortues marines et qui compte également un des deux sites d'élevage et de ponte des tortues vertes les plus importants de l'Asie du Sud-Est. De plus, l'association n'hésite pas à financer des patrouilles pour la protection des nids de tortues et œuvre également au niveau de la législation en lien avec les gouvernements afin de mettre en place des lois pour la protection. La WWF aide aussi à tester et introduire de nouveaux types d'hameçons, moins nocifs, et les rend obligatoires dans certaines pays du monde. Pour finir, l'association lutte activement contre le braconnage et cherche à mettre en place des moyens alternatifs de subsistance pour que les habitants de dépendent plus des revenus engrangés par la chasse aux tortues.
Nous espérons que cet article sur les tortues de mer vous a plu et qu'il vous a apporté de nombreuses connaissances sur ces animaux mystérieux et majestueux. Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie animale, vous pouvez également lire notre article sur les 10 questions que l'on se pose sur le cheval.